Montréal : c’est le moment d’investir en technologies propres!
Entretien avec Gabriel Desbiens, directeur Développement des affaires en technologies propres, Montréal International
Les technologies propres jouent un rôle essentiel pour renforcer la compétitivité des entreprises. Elles sont aussi au cœur d’une croissance responsable et innovante. C’est pourquoi notre équipe multiplie les rencontres avec des représentants d’entreprises et participe à des missions de prospection à l’international.
L’objectif? Positionner le Grand Montréal comme un pôle incontournable pour l’innovation verte et y attirer des projets stratégiques.
Le secteur des technologies propres a le vent dans les voiles ces dernières années… Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette tendance?
Tout à fait, et on peut le voir dans nos résultats. Montréal International a accompagné plusieurs projets en technologies propres et décarbonation depuis 2023. En 2025, alors que l’année n’est pas terminée, on comptabilise déjà des projets d’une valeur de 267 M$.
Montréal, et le Québec en général, sont des utilisateurs actifs de technologies propres. En 2022, selon Écotech, près d’une entreprise sur trois au Québec déclarait utiliser des solutions propres dans un domaine spécifique comme l’eau, l’énergie ou la gestion des déchets, ce qui leur permet de rester compétitives.
À l’échelle internationale, le Canada se classe au 2ᵉ rang mondial des pays les plus attractifs pour les entreprises en technologies propres, selon le Global Cleantech Innovation Index (2024). Le Québec, quant à lui, est un pôle en plein essor avec 400 entreprises innovantes et 85 000 emplois.
Et ce qui retient toute notre attention, c’est cette volonté nationale de travailler sur des projets structurants, notamment en hydroélectricité et en écomobilité (Alto), comme nous avons pu le voir avec les projets annoncés par le Premier ministre du Canada, Mark Carney.
Quand on parle de « technologies propres », de quoi s’agit-il exactement? Donne-nous des exemples.
Une technologie propre désigne tout équipement, produit, service ou procédé visant à évaluer, prévenir, atténuer ou corriger les impacts environnementaux (Écotech). Ce secteur couvre plusieurs filières :
- Énergie renouvelable (parcs éoliens, panneaux solaires, etc.)
- Efficacité énergétique (systèmes de récupération de chaleur, bâtiments intelligents, etc.)
- Chimie verte (procédés de fabrication réduisant l’usage de solvants toxiques, bioplastiques, etc.)
- Transport durable ou écomobilité (véhicules électriques, bornes de recharge, etc.)
- Gestion de l’eau et des matières résiduelles (technologies de traitement des eaux usées, systèmes de recyclage avancés, etc.)
Pourquoi une entreprise internationale choisirait-elle d’investir à Montréal?
Il y a trois raisons majeures qui positionnent parfaitement Montréal.
1. Des coûts énergétiques imbattables avec une énergie propre
Au Québec, les tarifs d’électricité sont près de deux fois moins élevés qu’à Toronto et sept fois moins qu’à New York. Plus de 99 % de l’électricité est produite à partir de sources propres et renouvelables. Dans son Plan d’action, Hydro-Québec prévoit moderniser le réseau de transport principal et renforcer le réseau de distribution afin d’améliorer la fiabilité du service. D’ici 2035, elle vise à ajouter entre 8 000 et 9 000 MW de puissance additionnelle, ce qui peut représenter de belles opportunités d’affaires pour les entreprises.
2. Des incitatifs financiers attractifs
Il existe des crédits d’impôt fédéraux pour l’électricité propre, la fabrication de technologies propres et l’hydrogène. Et nous pouvons aussi compter sur des programmes provinciaux comme Solutions efficaces d’Hydro-Québec, qui couvrent jusqu’à 90 % des dépenses admissibles pour l’achat d’équipements ou de solutions réduisant la consommation d’énergie.
Des initiatives comme Technoclimat et Ecoperformance financent des projets de décarbonation pour accélérer la transition.
3. Un écosystème engagé
On peut compter sur des organisations comme Écotech, Propulsion Québec, Réseau environnement et le Secrétariat de la convention sur la diversité biologique qui peuvent mobiliser l’ensemble des acteurs de l’écosystème au Québec.
Et on a la chance d’avoir de nombreux centres de recherche comme l’Institut du véhicule innovant et la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.
De gauche à droite : Fernando Goñi Ochandorena (Ambassade du Canada en Espagne), Francisco Marin Ubeda (CT), Claudia Despins (Investissement Québec International), Jean-François Lupien (Investissement Québec International), David Prieto (CT), Gabriel Desbiens (Montréal International)
Si vous deviez résumer votre mission en Europe en trois faits marquants, lesquels seraient-ils?
Nos missions ont un objectif clair : attirer de nouveaux acteurs dans le Grand Montréal et renforcer notre position comme pôle d’innovation et de transition énergétique. Parmi les marchés ciblés, l’Espagne se démarque par son dynamisme. Lors du CleanTech Forum, j’ai rencontré des dizaines d’entreprises intéressées par notre écosystème et prêtes à explorer des opportunités d’affaires.
Cet événement a également ouvert la porte à des rencontres stratégiques avec des leaders de la filière éolienne, afin d’identifier des investissements alignés sur le plan d’action d’Hydro-Québec. Celui-ci vise à accroître la capacité éolienne et à renforcer la chaîne d’approvisionnement locale, ouvrant la voie à une croissance durable et à des partenariats prometteurs.
Enfin, j’ai constaté un intérêt croissant pour des filières innovantes comme la chimie verte et les technologies de batteries. Ces secteurs sont essentiels pour relever les défis du changement climatique et bâtir une économie résiliente et décarbonée. Les entreprises européennes recherchent des solutions concrètes et le Grand Montréal se positionne comme un partenaire stratégique pour répondre à ces besoins.
De gauche à droite : Claudia Despins (Investissement Québec International), Gabriel Desbiens (Montréal International), Alba Ortega (WSP), Jean-François Lupien (Investissement Québec International), Javier Bartolomé (WSP)
Que diriez-vous à une entreprise qui hésite à investir en technologies propres, notamment en raison du contexte géopolitique actuel?
On note un ralentissement au niveau mondial dans de nombreux secteurs mais les entreprises qu’on accompagne sont assez unanimes : plus on attend, plus les coûts reliés au développement et à l’adoption des technologies propres seront élevés. Décarboner tôt, c’est gagner en compétitivité.
Montréal offre un environnement idéal pour tester et développer des technologies vertes grâce à :
- Un écosystème de recherche solide basé sur la collaboration entre acteurs publics, entreprises et centres de recherche.
- Un soutien gouvernemental structuré pour accélérer la transition verte.
- Un bassin de talents qualifiés pour soutenir l’innovation.
Si on vous accordait un souhait (un seul!) pour renforcer la position de Montréal dans ce secteur, quel serait-il?
J’aimerais voir émerger une semaine dédiée au climat (« Climate Week ») à Montréal. Londres attire chaque année 45 000 personnes avec la London Climate Action Week et plus de 100 000 participants ont pris part à la Climate Week de New York en 2025, avec des représentants de 85 pays. Cela montre l’impact considérable que peuvent avoir de tels événements.
Imaginer un rendez-vous d’envergure internationale à Montréal, qui permettrait de rassembler les acteurs clés et de positionner notre métropole comme chef de file mondial en technologies propres. Et nous avons tout ce qu’il faut pour le faire.
Pour résumer : investir en technologies propres à Montréal, c’est miser sur un environnement compétitif, des coûts avantageux et un écosystème innovant. Et le meilleur moment pour le faire? C’est maintenant.

