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Montréal : toujours une locomotive pour le Québec

Montréal est en croissance, mais devra se préoccuper du capital humain et de sa productivité pour poursuivre son essor

20 août 2019

L’Institut du Québec (IDQ) publie, en collaboration avec Montréal international (MI) et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), la quatrième édition de son étude Comparer Montréal. Ce tableau de bord compare la région métropolitaine à 14 autres villes de taille similaire situées au Canada et aux États-Unis, selon 30 données réparties en six indicateurs : activité économique, croissance économique, capital humain, innovation, qualité de vie et attractivité.

Dans un premier temps, ce rapport révèle que Montréal s’affirme plus que jamais comme la locomotive du Québec. Plusieurs indicateurs démontrent que son poids économique est plus élevé que la proportion de sa population. Notamment, 53 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec provient de la métropole à qui l’on doit aussi la grande majorité des emplois créés au Québec au cours de la dernière année. En supposant que Montréal connaisse d’autres excellentes années de croissance économique, cette tendance risque d’ailleurs de s’accélérer.

« Une fois de plus, Montréal a connu une très bonne année, constate Jean-Guy Côté, coauteur du rapport et directeur associé à l’IDQ. La forte croissance économique que la métropole a enregistrée lui a même permis de se hisser à la tête de cet indicateur, avec une troisième place alors qu’elle occupait le dernier rang de ce classement en 2015. » Autre amélioration : l’innovation semble enfin prendre son envol avec une nette progression observée pour cet indicateur (8e contre 11e l’an dernier).

« L’économie de Montréal va très bien et la métropole joue pleinement son rôle de locomotive pour le Québec, surenchérit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. La croissance soutenue des dernières années permet à Montréal de se retrouver parmi les villes nord-américaines les plus performantes et innovantes. Cependant, Montréal accuse toujours un retard considérable en matière de qualification du capital humain. Ces résultats démontrent l’importance de maintenir les investissements en éducation, de rehausser le niveau de formation de la main-d’œuvre et d’attirer davantage de talents spécialisés en provenance de l’étranger. »

Fait indéniable : la qualité de vie demeure la grande force de Montréal : année après année, la métropole se classe dans le peloton de tête de cet indicateur (2e). « Comparativement à d’autres grandes villes nord-américaines, Montréal est une métropole particulièrement attrayante pour les talents internationaux, soutient Hubert Bolduc, président-directeur général de MI. L’attraction de travailleurs hautement qualifiés et expérimentés permet de mieux soutenir la forte croissance de nos secteurs d’innovation et de haute technologie, comme les jeux vidéo, les effets visuels et l’intelligence artificielle ». Au chapitre de l’attractivité, Montréal se classe cette année cinquième parmi les 15 villes comparées au classement.

Les failles à corriger
À des fins d’amélioration, le rapport met aussi en relief les faiblesses que Montréal accuse face aux 14 autres grandes villes nord-américaines sélectionnées pour les fins de cette analyse. La métropole du Québec se classe au dernier rang pour l’activité économique, en raison de son bas niveau de vie et de la faible productivité de ses entreprises. Non seulement sa productivité est-elle la moins élevée de toutes les villes comparées mais sa croissance est famélique. Le capital humain constitue également un important boulet pour le développement économique de la métropole, un indicateur qui stagne au bas de ce classement depuis quatre ans. Cette mauvaise note s’explique principalement par le nombre plus élevé de personnes sans diplôme et un plus bas taux de diplomation au niveau du baccalauréat. « À la lumière de ces résultats, une évidence s’impose : pour poursuivre son essor, Montréal doit impérativement faire de l’éducation une priorité, – comme le reste de la province d’ailleurs – laquelle constitue le vecteur le plus porteur pour accroître la productivité des entreprises », conclut Jean-Guy Côté.

Les principaux constats

  • L’activité économique (PIB par habitant, revenu disponible ou productivité, par exemple) demeure décevante. Toutefois, même si certains indicateurs économiques sont en hausse, ces données peuvent prendre plusieurs années à être fondamentalement modifiées.
  • La croissance économique est très bonne : Montréal se hisse au sein des villes en tête du peloton. Le PIB y croît plus vite qu’ailleurs et la croissance des taux d’emploi y est très positive. La construction est en forte hausse. Par contre, la croissance de la productivité stagne.
  • Le capital humain est un des plus grands défis de Montréal. Le taux de diplomation au baccalauréat est parmi les plus bas et la proportion de personnes sans diplôme secondaire est parmi les plus élevées. Il sera difficile pour Montréal de maintenir une bonne croissance économique et de préserver sa capacité innovante à long terme sans améliorer cet indicateur.
  • L’innovation semble enfin décoller. L’IDQ soulignait l’an dernier que Montréal détenait les ingrédients de la recette de l’innovation, mais qu’elle ne semblait pas les utiliser. Cette année, une augmentation dans l’amplitude des ententes en capital de risque et un nombre adéquat de diplômés en sciences, génie, technologies et mathématiques (STGM), permettent à Montréal d’amorcer une remontée au classement de cet indicateur.
  • La qualité de vie est la force de la métropole : chaque année, Montréal occupe la première ou la deuxième place au classement des villes comparées. Que ce soit le faible niveau d’inégalités, la bonne qualité de l’air ou l’utilisation du transport en commun, Montréal se hisse aux premiers rangs des villes où il fait bon vivre.
  • Finalement, Montréal se situe au cinquième rang au chapitre de l’attractivité. Ainsi, la qualité de vie et l’abordabilité font partie de ses atouts alors que le manque de productivité de ses entreprises constitue l’un des principaux freins pour les investisseurs.

À propos de l’Institut du Québec
Issu d’un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l’Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. 
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